mercredi 4 mars 2009

P. 118. Andrée Nicol, Juste parmi les Nations

Photo : Mairie de Levallois (V. Saül / DR).

Le 4 mars, la mémoire d'Andrée Nicol a été saluée lors d'une cérémonie de reconnaissance de Juste parmi les Nations à la Mairie de Levallois.

Cette cérémonie a été ouverte par Monsieur Balkani Maire - Député des Hauts-de-Seine accompagné de Monsieur Knecht – Maire-adjoint au Commerce, à l’Artisanat, à la Vie associative, aux Anciens Combattants et aux Relations publiques.
Délégué du Comité français pour le Yad Vashem, Paul Ejchenrand a donné lecture du récit du sauvetage ayant valu à Andrée Nicol la Médaille et le Diplôme de Juste parmi les Nations :


- "Monsieur et Madame Orloff, originaires de Russie, arrivent en France en 1925. Leur fille Ethel nait le 11 mars 1926, puis Claire, le 25 juillet 1928. Monsieur Orloff tient un commerce rue de Provence à Paris 9ème.

La guerre est déclarée et les lois anti-juives obligent Monsieur et Madame Orloff à remettre leur commerce à un gérant aryen.

Lors de la grande rafle du 16 juillet 1942, toute la famille Orloff est arrêtée puis transférée à Pithiviers avant Drancy.
Dans le camp de Drancy, Claire fait la connaissance de Lucie Brauman, née Wainbaum qui, elle, a été arrêtée en essayant de franchir la ligne de démarcation.

Lucie Brauman est pharmacienne à Levallois-Perret dans les Hauts de Seine, elle a pour collègue de travail Madame Andrée Nicol qui se rend au camp de Drancy et réussit à faire libérer Lucie en faisant valoir que cette dernière est indispensable à l’avancement d’une recherche médicale qui concerne l’officier allemand en charge du camp.
Lucie Brauman est assignée à résidence chez Andrée Nicol qui, sous sa responsabilité, l’héberge et la protége jusqu’à la Libération. Andrée Nicol a caché ensuite Claire à plusieurs reprises quand celle-ci a pu quitter Drancy.
Claire Schwartz née Orloff et Lucie Brauman ont eu ainsi la vie sauve grâce au courage d’Andrée Nicol qui n’a jamais hésité, malgré tous les dangers.

Claire Orloff est la seule rescapée de la famille Orloff. Son père, sa mère, et sa sœur Ethel ont été déportés et ne sont pas revenus. Elle n’a jamais oublié sa bienfaitrice et n'a eu de cesse de témoigner sa reconnaissance à Andrée Nicol, grâce à qui, elle est en vie aujourd’hui.

Andrée Nicol étant décédée, c’est Madame Véronique Mignard, sa nièce qui recevra pour sa tante à titre posthume, la Médaille des Justes parmi les Nation et le Diplôme."


Photo : Andrée Nicol (Arch. fam. / DR).

Un message de Monsieur David de Rothschild, Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, a ensuite été lu devant l'assemblée par Viviane Saül, déléguée au Comité français pour le Yad Vashem :

"C’est avec regret que je ne peux être présent lors de cette cérémonie au cours de laquelle sera remise, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les Nations à Andrée NICOL, représentée par sa nièce, Véronique MIGNARD, pour avoir sauvé les vies de Claire SCHWARTZ née ORLOFF et Lucie BRAUMAN durant la seconde guerre mondiale.

Lorsque nous commémorons le souvenir des victimes de la Shoah , il est essentiel de rappeler que dans la plupart des pays européens, la grande majorité des communautés juives a été décimée dans les camps d’extermination ou d’abord dans les forêts et villages d’Ukraine, de Pologne, de Lituanie ou de Biélorussie.
En France, 76000 juifs dont 11OOO enfants ont été déportés. Seuls 2500 juifs sont revenus, parmi lesquels aucun enfant.
Pourtant les trois quarts des juifs, en France, ont eu la vie sauve. Pourquoi ? Parce que, partout dans notre pays, il y eut des hommes et des femmes de cœur et de courage, qui ont aidé des Juifs. Ces actes individuels, isolés ou collectifs, n’allaient pas de soi à une époque où la vindicte générale se déchaînait, et où ceux qui aidaient les Juifs mettaient souvent en péril leur vie et celle de leur famille. Au moment où dans les camps se déchaînait la barbarie la plus absolue, ces « Justes parmi les Nations », reconnus par l’Institut Yad Vashem de Jérusalem et honorés par l’Etat d’Israël, ont non seulement sauvé des vies humaines, mais aussi incarnés l’honneur de l’humanité qui, grâce à eux, n’a pas totalement sombré à Auschwitz.
Ce sont les Justes comme Andrée NICOL que le Président de la République Jacques Chirac et Simone Veil ont souhaité honorer en les faisant entrer au Panthéon. Cette cérémonie nationale d’hommage et de reconnaissance a permis de rappeler à tous que l’Histoire est constituée d’une longue chaîne de responsabilités individuelles et collectives, et que chacun de nous est un maillon précieux, qui fait que l’Histoire chavire ou au contraire avance.

Andrée NICOL à qui l’on décerne aujourd’hui la médaille à titre posthume l’ont fait avancer. Ils ont été comme on peut le lire désormais dans la crypte du Panthéon « Les lumières dans la nuit de la Shoah ».
Que leur action courageuse, soit une fierté pour leur famille, leurs amis, leur ville et notre pays. Qu’ils soient aussi un exemple pour tous nos concitoyens, aujourd’hui, afin de défendre les valeurs de tolérance, de respect de l’autre et de fraternité."


Photo : Devant la pharmacie de Levallois, à droite : Andrée Nicol (Arch. fam. / DR).

Des poèmes ont alors été lus par deux élèves du collège Saint-Justin.

Monsieur Daniel Saada, Ministre Conseiller auprès de l’Ambassade d’Israël en France, a prononcé un bref discours de circonstance puis a remis la Médaille et le Diplôme de Juste à Véronique Mignard, nièce de Madame Andrée Nicol.


Aux prises de parole et aux remerciements des témoins ont succédé le Chant des Partisans puis une
Minute de Silence.



NOTES :

- TleVallois TV a consacré un reportage à cette cérémonie. Pour le visionner, il vous suffit de cliquer ICI.

- Viviane Saül, déléguée du Comité, a veillé à la transmission des documents présentés sur cette page du blog. Qu'elle trouve ici l'expression de notre gratitude.


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